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XVII
DU TRADUCTEUR.

pureté de ſa Langue, comme il paroit par ſes Diſcours de l’Orateur, ne put ſe diſpenſer de faire de nouveaux mots dans les Traitez Philoſophiques. Mais un tel exemple ne tire point à conſéquence pour moi, j’en tombe d’accord. Ciceron avoit le ſecret d’adoucir la rudeſſe de ces nouveaux ſons par le charme de ſon Eloquence, & dédommageoit bientôt ſon Lecteur par mille beaux tours d’expreſſion qu’il avoit à commandement. Mais s’il ne m’appartient pas d’autoriſer la liberté que j’ai priſe, par l’exemple de cet illuſtre Romain ; qu’on me permette d’imiter en cela nos Philoſophes Modernes qui ne font aucune difficulté de faire de nouveaux mots quand ils en ont beſoin ; comme il me ſeroit aiſé de le prouver, ſi la choſe en valoit la peine.

Au reſte, quoi que M. Locke ait l’honnêteté de témoigner publiquement qu’il approuve ma Traduction, je déclare que je ne prétens pas me prévaloir de cette Approbation. Elle ſignifie tout au plus qu’en gros je ſuis entré dans ſon ſens, mais elle ne garantit point les fautes particuliéres qui peuvent m’être échapées. Malgré toute l’attention que M. Locke a donné à la lecture que je lui ai faite de ma Traduction avant que de l’envoyer à l’imprimeur, il peut fort bien avoir