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XII
AVERTISSEMENT

qui ne leur plaiſent pas, les attaquent avant que de ſe donner la peine de les entendre. Semblables au Heros de Cervantes, ils ne penſent qu’à ſignaler leur valeur contre tout venant ; & aveuglez par cette paſſion démeſurée, il leur arrive quelquefois, comme à ce déſaſtreux Chevalier, de prendre des Moulins-à-vent pour des Géans. Si les Anglois, qui ſont naturellement ſi circonſpects, ſont tombez dans cet inconvenient à l’égard du Livre de M. Locke, on pourra bien y tomber ailleurs, & par conſéquent l’avis n’eſt pas inutile. En profitera qui voudra.

A l’égard des Déclamateurs qui ne ſongent ni à s’inſtruire ni à inſtruire les autres, cet avis ne les regarde point. Comme ils ne cherchent pas la Vérité, on ne peut leur ſouhaiter que le mépris du Public ; juſte recompenſe de leurs travaux qu’ils ne manquent guere de recevoir tôt ou tard ! Je mets dans ce rang ceux qui s’aviſeroient de publier, pour rendre odieux les Principes de M. Locke, que, ſelon lui, ce que nous tenons de la Revelation n’eſt pas certain, parce qu’il diſtingue la Certitude d’avec la Foi ; & qu’il n’appelle certain que ce qui nous paroît veritable par des raiſons évidentes, & que nous voyons de nous-mêmes. Il eſt viſible que ceux qui feroient cette Objection, ſe fonderoient uniquement ſur l’équi-