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XI
DU TRADUCTEUR.

par rapport à ce qu’on trouve en ſoi-même, ſans ſe mettre en peine s’ils ſont conformes ou non à ce qu’a dit Platon, Ariſtote, Gaſſendi, Deſcartes, ou quelque autre célèbre Philoſophe. C’eſt dans cette diſpoſition d’Eſprit que M. Locke a compoſé cet Ouvrage. Il eſt tout viſible qu’il n’avance rien que ce qu’il croit avoir trouvé conforme à la Verité, par l’examen qu’il en a fait en lui-même. On diroit qu’il n’a rien appris de perſonne, tant il dit les choſes les plus communes d’une maniére originale ; de ſorte qu’on eſt convaincu en liſant ſon Ouvrage qu’il ne débite pas ce qu’il a appris d’autrui comme l’aiant appris, mais comme autant de véritez qu’il a trouvées par ſa propre méditation. Je croi qu’il faut néceſſairement entrer dans cet eſprit pour découvrir toute la ſtructure de cet Ouvrage, & pour voir ſi les Idées de l’Auteur ſont conformes à la nature des choſes.

Une autre raiſon qui nous doit obliger à ne pas lire trop rapidement cet Ouvrage, c’eſt l’accident qui eſt arrivé à quelques perſonnes d’attaquer des Chiméres en prétendant attaquer les ſentimens de l’Auteur. On en peut voir un exemple dans la Préface même de M. Locke. Cet avis regarde ſur-tout ces Avanturiers qui toûjours prêts à entrer en lice contre tous les Ouvrages