Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
68
Du Gouvernement Civil,

en ce monde à Adam, à Noé, et à ses fils ; il est toujours évident, que Dieu, dont David dit[1], qu’il a donné la terre aux fils des hommes, a donné en commun la terre au genre-humain. Mais cela étant, il semble qu’il est difficile de concevoir qu’une personne particulière puisse posséder rien en propre. Je ne veux pas me contenter de répondre, que s’il est difficile de sauver et d’établir la propriété des biens, supposé que Dieu ait donné en commun la terre à Adam et à sa postérité, il s’ensuivroit qu’aucun homme, excepté un Monarque universel, ne pourroit posséder aucun bien en propre : mais je tâcherai de montrer, comment les hommes peuvent posséder en propre diverses portions de ce que Dieu leur a donné en commun, et peuvent en jouir sans aucun accord formel fait entre tous ceux qui y ont naturellement le même droit.

II. Dieu, qui a donné la terre aux hommes en commun, leur a donné pareillement la raison, pour faire de l’un et de l’autre l’usage le plus avantageux à la vie et le plus commode. La terre, avec tout ce qui y est contenu, est donnée aux hommes pour leur

  1. Psalm. CXV, 16.