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de M. Locke.

position ; je n’ai nul sujet de supposer, quelque prétexte qu’il allègue, qu’un tel-homme entreprenant de ravir ma liberté, ne me veuille ravir toutes les autres choses, dès que je serai en son pouvoir. C’est pourquoi, il m’est permis de le traiter comme un homme qui s’est mis avec moi dans un état de guerre, c’est-à-dire, de le tuer, si je puis : car enfin, quiconque introduit l’état de guerre, est l’agresseur en cette rencontre, et il s’expose certainement à un traitement semblable à celui qu’il a résolu de faire à un autre, et risque sa vie.

IV. Ici paroît la différence qu’il y a entre l’état de nature, et l’état de guerre, lesquels quelques-uns ont confondus, quoique ces deux sortes d’états soient aussi différens et aussi éloignés l’un de l’autre, que sont un état de paix, de bienveillance, d’assistance et de conservation mutuelle, et un état d’inimitié, de malice, de violence et de mutuelle destruction. Lorsque les hommes vivent ensemble conformément à la raison, sans aucun supérieur sur la terre, qui ait l’autorité de juger leurs différends, ils sont précisément dans l’état de nature : ainsi la violence, ou un dessein ouvert de violence d’une personne à l’égard d’une