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de M. Locke.

puis tuer un lion ou un loup, parce qu’ils ne sont pas soumis aux loix de la raison, et n’ont d’autres règles que celles de la force et de la violence. On peut donc traiter comme des bêtes féroces ces gens dangereux, qui ne manqueroient point de nous détruire et de nous perdre, si nous tombions en leur pouvoir.

II. Or, de-là vient que celui qui tâche d’avoir un autre en son pouvoir absolu, se met par-là dans l’état de guerre avec lui, lequel ne peut regarder son procédé que comme une déclaration et un dessein formé contre sa vie. Car j’ai sujet de conclure qu’un homme ; qui veut me soumettre à son pouvoir, sans mon consentement, en usera envers moi, si je tombe entre ses mains, de la manière qu’il lui plaira, et me perdra, sans doute, si la fantaisie lui en vient. En effet, personne ne peut desirer de m’avoir en son pouvoir absolu, que dans la vue de me contraindre par la force à ce qui est contraire au droit de ma liberté, c’est-à-dire, de me rendre esclave… Afin donc que ma personne soit en sûreté, il faut nécessairement que je sois délivré d’une telle force et d’une telle violence ; et la raison m’ordonne de regarder comme l’ennemi de