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de M. Locke.

état, par la vertu et la force qu’elles reçoivent de leur publication et de l’autorité législative, ne regardent point cet étranger. Ce n’est point à lui que ce souverain parle ; ou s’il le faisoit, l’étranger ne seroit point obligé de l’écouter et de se soumettre à ses ordonnances. L’autorité législative, par laquelle des loix ont force de loix par rapport aux sujets d’une certaine république et d’un certain état, n’a assurément nul pouvoir et nul droit à l’égard d’un étranger. Ceux qui ont le pouvoir souverain de faire des loix en Angleterre, en France, en Hollande, sont à l’égard d’un Indien, aussi bien qu’à l’égard de tout le reste du monde, des gens sans autorité. Tellement que si en vertu des loix de la nature chacun n’a pas le pouvoir de punir, par un jugement modéré, et conformément au cas qui se présente, ceux qui les enfreignent, je ne vois point comment les magistrats d’une société et d’un état peuvent punir un étranger ; si ce n’est parce qu’à l’égard d’un tel homme ils peuvent avoir le même droit et la même jurisdiction, que chaque personne peut avoir naturellement à l’égard d’un autre.

VII. Lorsque quelqu’un viole la loi de la nature, qu’il s’éloigne des droites règles de