pour parler ainsi. Et lorsque sa propre conservation n’est point en danger, il doit, selon ses forces, conserver le reste des hommes ; et à moins que ce ne soit pour faire justice de quelque coupable[1], il ne doit jamais ôter la vie à un autre, ou préjudicier à ce qui tend à la conservation de sa vie, par exemple, à sa liberté, à sa santé, à ses membres, à ses biens.
IV. Mais, afin que personne n’entreprenne d’envahir les droits d’autrui, et de
- ↑ Ceci doit s’entendre de l’état de nature seulement, comme l’explique l’Auteur dans le § suivant.
en l’autre monde ». C’était le sentiment de Virgile, et, par conséquent, de tous les Romains de son tems, quand il dit :
Proxima tenent maesti loca qui sibi Lethum
Insontes peperêre manu, lucemque perosi
Projicêre animas.
Il y a bien plus de constance à user la chaîne qui nous tient, qu’à la rompre, et plus d’épreuve de fermeté en Regulus qu’en Caton. Ce que je finirai par ce beau vers de Martial, qui nomme cette action une rage, une fureur.
Hic rogo, non furor est, ne moriare, mori ?
Non loin sont ces mortels qui, purs de tous les crimes,
De leurs propres fureurs ont été les victimes,
Et, détournant les yeux du céleste flambeau,
D’une vie importune ont jeté le fardeau.
Dites-moi, je vous prie : n’y a-t-il pas folie,
À se donner la mort, pour ne perdre la vie ?