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de M. Locke.

mais il n’a pas la liberté et le droit de se détruire lui-même[1], non plus que de faire tort à aucune autre personne, ou de la troubler dans ce dont elle jouit, il doit faire de sa liberté le meilleur et le plus noble usage, que sa propre conservation demande de lui. L’état de nature a la loi de la nature, qui doit le régler, et à laquelle chacun est obligé de se soumettre et d’obéir : la raison, qui est cette loi, enseigne à tous les hommes, s’ils veulent bien la consulter, qu’étant tous égaux et indépendans, nul ne doit nuire à un autre, par rapport à sa vie, à sa santé, à sa liberté, à son bien : car, les hommes étant tous l’ouvrage d’un ouvrier tout-puissant et infiniment sage, les serviteurs d’un souverain maître, placés dans le monde par lui

  1. C’est ce que lui défendent les bornes de la loi de la nature dans lesquelles il doit se tenir par la raison qui suit, qu’il doit faire de sa liberté le meilleur et le plus noble usage que sa propre conservation exige de lui ; parce qu’il est l’ouvrage du Tout-Puissant qui doit durer autant qu’il lui plaît, et non autant qu’il plaît à l’ouvrage. Ce sentiment est si général dans les hommes, que les loix civiles, qui ont succédé à celles de la nature, sur lesquelles elles sont fondées, défendoient chez les Hébreux, d’accorder les honneurs de la sépulture à ceux qui se tuoient eux-mêmes.