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par M. Locke.

pourroient arriver, s’ils entreprenoient de résister à Polyphème, qui les avoit en son pouvoir ?

XIX. Le bien public et l’avantage de la société étant la véritable fin du gouvernement, je demande s’il est plus expédient que le peuple soit exposé sans cesse à la volonté sans bornes de la tyrannie ; ou, que ceux qui tiennent les rênes du gouvernement, trouvent de l’opposition et de la résistance, quand ils abusent excessivement de leur pouvoir, et ne s’en servent que pour la destruction, non pour la conservation des choses qui appartiennent en propre au peuple ?

XX. Que personne ne dise qu’il peut arriver de tout cela de terribles malheurs, dès qu’il montera dans la tête chaude et dans l’esprit impétueux de certaines personnes de changer le gouvernement de l’état : car, ces sortes de gens peuvent se soulever toutes les fois qu’il leur plaira ; mais pour l’ordinaire, ce ne sera qu’à leur propre ruine et à leur propre destruction. En effet, jusqu’à ce que la calamité et l’oppression soient devenues générales, et que les méchans desseins et les entreprises illicites des conducteurs soient devenus fort visibles et fort palpables