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par M. Locke.

autorité législative, telle qu’il jugera à propos, de pourvoir à sa propre conservation, et à sa propre sûreté, qui est la fin qu’on se propose quand on forme une société politique. Or, ce que j’ai dit, en général, touchant le pouvoir législatif, regarde aussi la personne de celui qui est revêtu du pouvoir exécutif, et qui ayant deux avantages très-considérables ; l’un, d’avoir sa part de l’autorité législative ; l’autre, de faire souverainement exécuter les loix, se rend doublement et extrêmement coupable, lorsqu’il entreprend de substituer sa volonté arbitraire aux loix de la société. Il agit aussi d’une manière contraire à son crédit, à sa commission et à la confiance publique, quand il emploie les forces, les trésors, les charges de la société, pour corrompre les membres de l’assemblée représentative, et les gagner en faveur de ses vues et de ses intérêts particuliers ; quand il agit par avance et sous main auprès de ceux qui doivent élire les membres de cette assemblée, et qu’il leur prescrit d’élire ceux qu’il a rendus, par ses sollicitations, par ses menaces, par ses promesses, favorables à ses desseins, et qui lui ont promis déjà d’opiner de la manière qu’il lui plairoit. En