Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
par M. Locke.

putée au Prince ; car le Prince ayant à sa disposition les forces, les trésors, et les charges de l’État, et se persuadant lui-même, ou se laissant persuader par ses flatteurs, qu’un Souverain ne doit être sujet à aucun examen, et qu’il n’est permis à personne, quelques spécieuses raisons qu’il puisse alléguer, de trouver à redire à sa conduite ; lui seul est capable de donner lieu à ces sortes de changemens, dont il a été parlé, et de les produire sous le prétexte d’une autorité légitime, et par le moyen de ce pouvoir qu’il a entre les mains, et avec lequel il peut épouvanter ou accabler ceux qui s’opposent à lui, et les détruire comme des factieux, des séditieux, et des ennemis du gouvernement : pour ce qui regarde les autres parties de l’autorité législative et le peuple, il n’y a pas grand’chose à craindre d’eux, puisqu’ils ne sauroient entreprendre de changer la puissance législative sans une rébellion visible, ouverte et éclatante. D’ailleurs, le Prince ayant le pouvoir de dissoudre les autres parties de la puissance législative, et de rendre ainsi ceux qui sont membres de l’assemblée, de législateurs, des personnes privées ; ils ne sauroient jamais, en s’opposant à lui, ou sans son secours et