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par M. Locke.

l’un usant d’une violence qui menace ma vie, je ne puis avoir le tems d’appeler aux loix pour la mettre en sûreté ; et quand la vie m’auroit été ôtée, il seroit trop tard pour recourir aux loix, lesquelles ne sauroient me rendre ce que j’aurois perdu, et ranimer mon cadavre. Ce seroit une perte irréparable, que les loix de la nature m’ont donné droit de prévenir, en détruisant celui qui s’est mis avec moi dans un état de guerre, et qui me menace de destruction. Mais dans l’autre cas, ma vie, n’étant pas en danger, je puis appeler aux loix, et recevoir satisfaction au sujet de mes cent livres.

X. En quatrième lieu, si un Magistrat appuyoit de son pouvoir des actes illicites, et qu’il se servît de son autorité pour rendre inutile le remède permis et ordonné par les loix, il ne faudroit pourtant point user du droit qu’on a de résister ; il ne faudroit point, dis-je, à l’égard même d’actes manifestes de tyrannie, user d’abord de ce droit, et troubler le gouvernement pour des sujets de peu d’importance. Car, si ce dont il est question, ne regarde que quelques particuliers, bien qu’ils aient droit de se défendre, et de tâcher de recouvrer par