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par M. Locke.

accords, les traités, les alliances, les promesses, les sermens, sont des liens indissolubles pour le Très-Haut. Ne seront-ils donc pas aussi (malgré tout ce que disent les flatteurs aux Princes du monde), des liens indissolubles, et des choses d’une obligation indispensable pour des potentats, qui, joints tous ensemble avec tous leurs peuples, ne sont en comparaison du grand Dieu, que comme une goutte qui tombe d’un seau, ou comme la poussière d’une balance ?

XXII. Donc, pour revenir aux conquêtes, un conquérant, si sa cause est juste, a un droit despotique sur la personne de chacun de ceux qui sont entrés en guerre contre lui, ou ont concouru à la guerre qu’on lui a faite ; et peut, par le travail et les biens des vaincus, réparer le dommage qu’il a reçu, et les frais qu’il a faits, en sorte pourtant qu’il ne nuise point aux droits de personne. Pour ce qui regarde le reste des gens, savoir ceux qui n’ont point consenti et concouru à la guerre, et même les enfans des prisonniers ; et pour ce qui regarde aussi les possessions des uns et des autres, il n’a nul droit sur ces personnes, ni sur ces biens ; et, par conséquent, il ne