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Du Gouvernement Civil,

les biens ou l’argent, qu’il aura acquis ou gagné sur les arpens de terre mentionnés ? S’il le peut, alors il faut que tous les contrats, que tous les traités, que toutes les conventions cessent dans le monde, comme des choses vaines et frivoles ; tout ce que les grands accorderont, ne sera qu’une chimère ; les promesses de ceux qui ont la suprême puissance, ne seront que moquerie et qu’illusion. Et peut-il y avoir rien de plus ridicule que de dire solemnellement, et de la manière du monde la plus propre à donner de la confiance et à assurer une possession : je vous donne cela pour vous et pour les vôtres, à perpétuité, et que cependant il faille entendre que celui qui parle de la sorte, a droit de reprendre le lendemain, s’il lui plaît, ce qu’il donne ?

XXI. Je ne veux point examiner à présent la question, si les Princes sont exempts d’observer les loix de leur pays ; mais je suis sûr qu’ils sont obligés, et même bien étroitement d’observer les loix de Dieu et de la nature. Nul pouvoir ne sauroit jamais exempter de l’observation de ces loix éternelles. L’obligation qu’elles imposent, est si grande et si forte, que le Tout-Puissant lui-même ne peut en dispenser. Les