Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
290
Du Gouvernement Civil,

être légitime, tandis que la force, non le choix, les oblige de se soumettre.

XVI. Chacun est né avec deux sortes de droit. Le premier droit est celui qu’il a sur sa personne, de laquelle il peut seul disposer. Le second est le droit qu’il a, avant tout autre homme, d’hériter des biens de ses frères ou de son père.

XVII. Par le premier de ces droits, on n’est naturellement sujet à aucun gouvernement, encore qu’on soit né dans un lieu où il y en ait un établi. Mais aussi, si l’on ne veut pas se soumettre au gouvernement légitime, sous la jurisdiction duquel on n’est né, il faut abandonner le droit qui est une dépendance de ce gouvernement-là, et renoncer aux possessions de ses ancêtres, si la société où elles se trouvent a été formée par leur consentement.

XVIII. Par le second, les habitans d’un pays, qui sont descendus et tirent le droit qu’ils ont sur leurs biens, de gens qui ont été subjugués : ces sortes d’habitans, qui sont soumis par force et contre leur consentement libre, à un gouvernement fâcheux, retiennent leur droit aux possessions de leurs ancêtres, quoiqu’ils ne con-