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par M. Locke.

mêmes qui se sont opposés à lui, et lui ont fait actuellement la guerre. Ils doivent tous être exempts de toute sorte de sujétion, au regard de ce conquérant ; et si leur gouvernement précédent est dissous, ils sont en droit, et doivent avoir la liberté d’en former et d’en ériger un autre, comme ils jugeront à propos.

XII. À la vérité, les conquérans obligent d’ordinaire, par force et l’épée à la main, ceux qu’ils ont subjugués, à subir les conditions qu’il leur plaît imposer, et à se soumettre au gouvernement qu’ils veulent établir. Mais la question est de savoir quel droit ils ont d’en user de la sorte. Si l’on dit que les gens subjugués se soumettent de leur propre consentement, alors on reconnoît que leur consentement est nécessaire, afin qu’un conquérant ait droit de les gouverner. Il ne reste qu’à considérer si des promesses extorquées, si des promesses arrachées de force et sans droit, peuvent être regardées comme un consentement, et jusqu’où elles obligent. Je dis, sans crainte, qu’elles n’obligent en aucune façon, parce que nous conservons toujours notre droit sur ce qu’on nous arrache de force, et que ceux qui extorquent ainsi quelque chose, sont obligés