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par M. Locke.

mages et les frais de la guerre montent rarement à la valeur d’une étendue considérable de pays, du moins dans les endroits de la terre qui sont possédés, et où rien ne demeure désert. La perte des revenus d’un ou de deux ans (il n’arrive guère qu’elle s’étende jusqu’à quatre ou jusqu’à cinq ans) est la perte qu’on fait d’ordinaire. Et quand à l’argent monnoyé et à d’autres semblables richesses, qui auront été consumées, ou qui auront été enlevées, elles ne sont pas des biens de la nature, elles n’ont qu’une valeur imaginaire, la nature ne leur a pas donné celles qu’elles ont aujourd’hui : elles ne sont pas plus considérables en elles-mêmes que paroîtroient être, à des Princes de l’Europe, certaines choses de l’Amérique, que les habitans y estiment fort, ou que ne paroissoit être du commencement, aux Américains, notre argent monnoyé. Or, les revenus de cinq années ne peuvent pas balancer la valeur de la jouissance perpétuelle d’un pays, qui est habité et cultivé partout. On en tombera sur-tout facilement d’accord, si l’on fait abstraction de la valeur imaginaire de l’argent monnoyé ; et l’on verra que la disproportion est plus grande que n’est celle qu’il y a entre cinq et cinq