Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/280

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
274
Du Gouvernement Civil,

réponds, que cela n’en causera pas plus que peut faire la justice, lorsqu’elle tend les bras à tous ceux qui veulent avoir recours à elle. Celui qui trouble son voisin, sans sujet, est puni, à cause de cela, par la justice de la cour devant laquelle on a comparu. Et quant à celui qui appelle au Ciel, il doit être bien assuré qu’il a droit, mais un droit tel qu’il peut être hardiment porté à un tribunal qui ne sauroit être trompé, et qui, certainement, rendra à chacun selon le mal qu’il aura fait à ses concitoyens, c’est-à-dire, à quelque partie du genre-humain. Tout ceci fait voir clairement qu’un homme qui fait des conquêtes, dans une injuste guerre, ne peut avoir droit sur ce qu’il a conquis, et que les personnes qui sont tombées sous sa domination, ne lui doivent aucune soumission ni aucune obéissance.

III. Mais supposons que la victoire favorise la cause juste, et considérons un conquérant dans une juste guerre, pour voir quel pouvoir il acquiert et sur qui.

Premièrement, il est visible qu’il n’acquiert aucun pouvoir sur ceux qui ont été les compagnons de ses conquêtes. Ceux qui ont combattu pour lui, ne doivent point