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par M. Locke.

que ces grands voleurs sont récompensés de lauriers et de triomphes, parce qu’ils sont trop puissans, en ce monde, pour les foibles mains de la justice, et qu’ils sont maîtres du pouvoir nécessaire pour punir les coupables. Quel remède puis-je employer contre un voleur qui aura percé ma maison ? Appellerai-je aux loix pour avoir justice ? Mais peut-être qu’on ne rend point justice, ou que je suis impotent et incapable de marcher. Si Dieu m’a privé de tout moyen de chercher du remède, il ne me reste que le parti de la patience. Mais, mon fils, quand il sera en état de se faire faire raison, pourra avoir recours aux loix ; lui, ou son fils peut relever appel, jusqu’à ce qu’il ait recouvré son droit. Mais ceux qui ont été conquis, ou leurs enfans, n’ont nul juge, ni nul arbitre sur la terre auquel ils puissent appeler. Alors ils doivent appeler au Ciel, comme fit Jephté, interjeter appel jusqu’à ce qu’ils aient recouvré le droit de leurs ancêtres, qui étoit d’avoir un pouvoir législatif établi sur eux, aux décisions duquel ils acquiesçoient, quand le plus grand nombre des personnes qui étoient revêtues de ce pouvoir les avoit formées. Si l’on objecte que cela est capable de causer des troubles perpétuels, je