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par M. Locke.

qu’il est possible. Tout ce à quoi le pouvoir, dont il s’agit, doit être employé, c’est à faire des loix, et à y joindre des peines ; et dans la vue de la conservation du corps politique, à en retrancher ces parties et ces membres seuls qui sont si corrompus, qu’ils mettent en grand danger ce qui est sain : si l’on infligeoit des peines dans d’autres vues, la sévérité ne seroit point légitime. Du reste, le pouvoir politique tire son origine de la convention et du consentement mutuel de ceux qui se sont joints pour composer une société.

IV. En troisième lieu, le pouvoir despotique est un pouvoir absolu et arbitraire qu’un homme a sur un autre, et dont il peut user pour lui ôter la vie dès qu’il lui plaira. La nature ne peut le donner, puisqu’elle n’a fait nulle distinction entre une personne et une autre ; et il ne peut être cédé ou conféré par aucune convention ; car, personne n’ayant un tel pouvoir sur sa propre vie, personne ne sauroit le communiquer et le donner à un autre. Il n’y a qu’un cas où l’on puisse avoir justement un pouvoir arbitraire et absolu, c’est lorsqu’on a été attaqué injustement par des gens qui se sont mis en état de guerre, et ont exposé