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par M. Locke.

personne, ou qu’il assujétisse les enfans, lorsqu’ils sont devenus des hommes faits, et qu’ils ont acquis l’usage de la raison, à la volonté de leurs pères et de leurs mères, plus que ne requiert la considération de la vie et de l’éducation qu’ils ont reçues d’eux, et les oblige à d’autres choses qu’à ces devoirs de respect, d’honneur, de reconnoissance, de secours, de consolation, dont ils sont tenus de s’acquitter toute leur vie, tant envers leur père, qu’envers leur mère. Le pouvoir et le gouvernement des parens est donc un pouvoir et un gouvernement naturel ; mais il ne s’étend nullement sur les droits, les fins, et la jurisdiction du pouvoir et du gouvernement qu’on appelle politique. Le pouvoir d’un père ne regarde point ce qui appartient en propre à ses enfans, qui ont droit seuls d’en disposer.

III. En second lieu, le pouvoir politique est ce pouvoir que chaque homme a dans l’état de nature, qu’on a réuni entre les mains d’une société, et que cette société a remis à des conducteurs qui ont été choisis, avec cette assurance et cette condition, soit expresse ou tacite, que ce pouvoir sera employé pour le bien du corps politique, et pour la conservation de ce qui appartient