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Du Gouvernement Civil,

heureux, quoiqu’il ait été possible et fort raisonnable, que le peuple n’ait point limité la prérogative de ces Rois ou de ces conducteurs, qui ne passoient point les bornes que le bien public marquoit et prescrivoit. Après tout, la prérogative n’est rien autre chose que le pouvoir de procurer le bien public, sans réglemens et sans loix.

IX. Le pouvoir de convoquer les parlemens en Angleterre, et de leur marquer précisément le tems, le lieu, et la durée de leurs assemblées, est certainement une prérogative du Roi ; mais on ne la lui a accordée, et on ne la lui laisse que dans la persuation qu’il s’en servira pour le bien de la nation, selon que le tems et la variété des conjonctures le requerra. Car, étant impossible de prévoir quel lieu sera le plus propre, et quelle saison la plus utile pour l’assemblée, le choix en est laissé au pouvoir exécutif, en tant qu’il peut agir à cet égard d’une manière avantageuse au peuple, et conforme aux fins des parlemens.

X. On pourra proposer sur cette matière de la prérogative, cette vieille question : Qui jugera si le pouvoir exécutif a fait un bon usage de sa prérogative ? Je réponds qu’il ne peut y avoir de juge sur la terre entre