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Du Gouvernement Civil,

actions ne tendoient qu’au bien public ; ou si, par la fragilité humaine (car les Princes sont hommes, et faits comme les autres), ils se détournoient un peu de cette fin, il paroissoit toujours qu’en général leur conduite tendoit à cette fin-là, et que leurs principales vues avoient pour objet le bien du peuple. Ainsi, le peuple trouvant qu’il avoit sujet d’être satisfait de ces Princes ; toutes les fois qu’ils venoient à agir sans aucune loi écrite, ou d’une manière contraire à des loix formelles, il acquiesçoit à ce qu’ils faisoient, et sans se plaindre, il leur laissoit étendre et augmenter leur prérogative, comme ils vouloient, jugeant, avec raison, qu’ils ne pratiquoient rien en cela qui préjudiciât à ses loix, puisqu’ils agissoient conformément aux fondemens et à la fin de toutes les loix, c’est-à-dire, conformément au bien public.

VIII. Certainement, ces Princes, semblables à Dieu, autant qu’il était possible, avoient quelque droit au pouvoir arbitraire, par la raison que la monarchie absolue est le meilleur de tous les gouvernemens, lorsque les Princes participent à la sagesse et à la bonté de ce grand Dieu, qui gouverne, avec un pouvoir absolu, tout l’univers. Il ne