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par M. Locke.

posé à augmenter ses richesses et son pouvoir, en prenant au peuple ce qu’il trouvera bon. Ainsi, dans ces sortes de gouvernemens, les biens propres ne sont guère en sûreté. Car, ce qui appartient en propre à un homme, n’est guère sûr, encore qu’il soit dans un état où il y a de très-bonnes loix capables de terminer, d’une manière juste et équitable, les procès qui peuvent s’élever entre les sujets ; si celui qui gouverne ces sujets-là, a le pouvoir de prendre à un particulier de ce qui lui appartient en propre, ce qu’il lui plaira, et de s’en servir et en disposer comme il jugera à propos.

VI. Mais le gouvernement, entre quelques mains qu’il se trouve, étant, comme j’ai déjà dit, confié sous cette condition, et pour cette fin, que chacun aura et possédera en sûreté ce qui lui appartient en propre ; quelque pouvoir qu’aient ceux qui gouvernent, de faire des loix pour régler les biens propres de tous les sujets, et terminer entr’eux toutes sortes de différends, ils n’ont point droit de se saisir des biens propres d’aucun d’eux, pas même de la moindre partie de ces biens, contre le consentement du propriétaire. Car autre-