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Du Gouvernement Civil,

pouvoir législatif ne sauroit s’étendre plus loin. Selon sa véritable nature et ses véritables engagemens, il doit se terminer au bien public de la société. C’est un pouvoir qui n’a pour fin que la conservation, et qui, par conséquent y ne sauroit jamais avoir droit de détruire, de rendre esclave, ou d’appauvrir, à dessein, aucun sujet[1]. Les obligations des loix de la nature ne cessent point dans la société, elles y deviennent même plus fortes en plusieurs cas ; et les peines qui y sont annexées pour contraindre les hommes à les observer, sont encore mieux connues par le moyen des loix humaines. Ainsi, les loix de la nature subsistent toujours comme des règles éternelles pour tous les hommes, pour les législateurs, aussi bien que pour les autres. S’ils font des loix pour régler les actions des membres de l’état, elles doivent être aussi faites pour les leurs propres, et doivent être conformes à celles de la nature, c’est-à-dire, à la volonté de Dieu, dont elles sont la déclaration ; et la loi fondamentale de la nature ayant pour objet la conservation du genre-humain ; il n’y a aucun décret humain qui

  1. Voyez Hooker, Eccl. Pol. lib. 1, § 10.