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Du Gouvernement Civil,

comme on le trouvoit bon : on se dépouille, dis-je, de ce second pouvoir, et de cette force naturelle, pour assister et fortifier le pouvoir exécutif d’une société, selon que ses loix le demandent. Car un homme, étant alors dans un nouvel état, dans lequel il jouit des commodités et des avantages du travail, de l’assistance et de la société des autres qui sont dans la même communauté, aussi bien que de la protection de l’entière puissance du corps politique, est obligé de se dépouiller de la liberté naturelle, qu’il avoit de songer et pourvoir à lui-même ; oui, il est obligé de s’en dépouiller, autant que le bien, la prospérité, et la sûreté de la société à laquelle il s’est joint, le requièrent : cela est non-seulement nécessaire, mais juste, puisque les autres membres de la société font la même chose.

X. Cependant, quoique ceux qui entrent dans une société, remettent l’égalité, la liberté, et le pouvoir qu’ils avoient dans l’état de nature, entre les mains de la société, afin que l’autorité législative en dispose de la manière qu’elle trouvera bon, et que le bien de la société requerra ; ces gens-là, néanmoins, en remettant ainsi [leurs]