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par M. Locke.

la corruption des gens dépravés, on n’auroit besoin d’aucune autre société, il ne seroit point nécessaire que les hommes se séparassent et abandonnassent la communauté naturelle pour en composer de plus petites.

L’autre pouvoir qu’un homme a dans l’état de nature, c’est de punir les crimes commis contre les loix. Or, il se dépouille de l’un et de l’autre, lorsqu’il se joint à une société particulière et politique, lorsqu’il s’incorpore dans une communauté distincte de celle du reste du genre-humain.

VIII. Le premier pouvoir, qui est de faire tout ce qu’on juge à propos pour sa propre conservation et pour la conservation du reste des hommes, on s’en dépouille afin qu’il soit réglé et administré par les loix de la société, de la manière que la conservation de celui qui vient à s’en dépouiller, et de tous les autres membres de cette société le requiert : et ces loix de la société resserrent en plusieurs choses la liberté qu’on a par les loix de la nature.

IX. On se défait aussi de l’autre pouvoir, qui consiste à punir, et l’on engage toute sa force naturelle qu’on pouvoit auparavant employer, de son autorité seule, pour faire exécuter les loix de la nature,