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Du Gouvernement Civil,

séquent chacun est dans une perpétuelle obligation de sujétion et de fidélité. Il est clair que jamais les hommes n’ont considéré cette sujétion naturelle dans laquelle ils soient nés, à l’égard de leurs pères où à l’égard de leurs princes, comme quelque chose qui les obligeât, sans leur propre consentement, à se soumettre à eux ou à leurs héritiers.

XXI. Il n’y a pas dans l’Histoire, soit sacrée, soit profane, de plus fréquens exemples que ceux des gens qui se sont retirés de l’obéissance et de la jurisdiction sous laquelle ils étoient nés, et de la famille ou de la communauté dans laquelle ils avoient pris naissance, et avoient été nourris, et qui ont établi de nouveaux gouvernemens en d’autres endroits. C’est ce qui a produit un si grand nombre de petites sociétés au commencement des siècles, lesquelles se répandirent peu-à-peu en différens lieux, et se multiplièrent autant que l’occasion s’en présenta et qu’il se trouva de place pour les contenir ; jusqu’à ce que les plus fortes engloutirent les plus foibles ; et qu’ensuite les plus grands Empires étant tombés dans la décadence et ayant été, pour ainsi dire, mis [en]