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par M. Locke.

avoir droit de commander aux autres, dans un empire nouveau et distinct, tous ceux qui sont nés sous la domination d’autrui, peuvent avoir été aussi libres, et être devenus, par la même voie, les gouverneurs ou les sujets d’un gouvernement distinct et séparé ? Et ainsi, par le propre principe de ceux qui font l’objection, ou bien tous les hommes sont nés libres à cet égard, ou il n’y a qu’un seul légitime Prince, et un seul gouvernement juste dans le monde ? Qu’ils aient la bonté de nous marquer et indiquer simplement quel il est ; je ne doute point que tout le monde ne soit d’abord disposé à lui faire hommage, à s’y soumettre, et à lui obéir.

XX. Quoique cette réponse, qui fait voir que l’objection jette ceux qui la proposent dans les mêmes difficultés où ils veulent jeter les autres, puisse suffire ; je tâcherai, néanmoins, de mettre encore mieux dans tout son jour la foiblesse de l’argument des adversaires.

Tous les hommes, disent-ils, sont nés sous un gouvernement ; et, par cette raison, ils ne sont point dans la liberté d’en instituer aucun nouveau. Chacun naît sujet de son père ou de son Prince, et par con-