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par M. Locke.

prudence, de courage ou de quelque autre qualité, ou bien lorsque diverses familles convenoient de s’unir et de continuer à vivre ensemble dans une même société : il ne faut point douter qu’alors tous ceux qui composoient ces familles, n’usassent pleinement de leur liberté naturelle, pour établir sur eux celui qu’ils jugeoient le plus capable de les gouverner. Conformément à cela, nous voyons que les peuples de l’Amérique, qui vivent éloignés des épées des conquérans, et de la domination ambitieuse des deux grands Empires du Pérou et du Méxique, jouissent de leur naturelle liberté ; quoique, cœteris paribus, ils préfèrent d’ordinaire l’héritier du Roi défunt. Cependant, s’ils viennent à remarquer en lui quelque foiblesse, quelque défaut considérable, quelque incapacité essentielle, ils le laissent ; et ils établissent pour leur gouverneur, le plus vaillant et le plus brave d’entre eux.

XII. Ainsi, quoiqu’en remontant aussi haut que les monumens de l’histoire des nations le permettent, l’on trouve que dans le tems que le monde se peuploit, le gouvernement des peuples étoit entre les mains d’un seul ; cela ne détruit pourtant point ce