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Du Gouvernement Civil,

se joignoient tous à lui dans le besoin, contre celui qui avoit fait quelque méchante action ; et que par-là ils donnoient le pouvoir d’exécuter sa sentence pour punir quelque crime, et l’établissoient effectivement législateur et gouverneur de tous ceux qui demeuroient unis à sa famille. C’étoit, sans doute, la meilleure précaution et le meilleur parti qu’ils pouvoient prendre. L’affection paternelle ne pouvoit que prendre grand soin de ce qui appartenoit à chacun, et le mettre en sûreté. Et comme, dans leur enfance, ils étoient accoutumés à obéir à leur père, ils trouvoient infailliblement qu’il étoit plus commode, plus aisé et plus avantageux de se soumettre à lui, qu’il ne leur auroit été de se soumettre à quelque autre. Et, s’il avoit besoin de quelqu’un qui les gouvernât, parce que des gens qui vivent ensemble ne peuvent se passer qu’avec peine de quelque gouvernement, qui pouvoit le faire mieux que leur père commun ? à moins que sa négligence, sa cruauté ou quelqu’autre défaut de l’esprit ou du corps ne l’en rendît incapable. Mais quand le père venoit à mourir, et que le plus proche héritier qu’il laissoit n’étoit pas capable de gouvernement, faute d’âge, de sagesse, de prudence,