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Du Gouvernement Civil,

avoit nulle supériorité, nulle sujétion naturelle ? Que si nous voulons écouter Joseph Acosta, il nous dira que dans la plus grande partie de l’Amérique, il ne se trouva nul gouvernement. Il y a de grandes et fort apparentes conjectures, dit-il, que ces gens-là (parlant de ceux du Pérou), n’ont eu, durant long-tems, ni Rois, ni communautés, mais qu’ils ont vécu et sont allés en troupes, ainsi que font aujourd’hui ceux qui habitent la Floride, et comme pratiquent encore les Cheriquanas et les gens du Brésil, et plusieurs autres nations qui n’ont pas certains Rois, mais qui, suivant que l’occasion de la paix ou de la guerre se présente, choisissent leurs capitaines, selon leur volonté, liv. 1, chap. 25. Si l’on dit que chacun naît sujet à son père ou au chef de sa famille, nous avons prouvé que la soumission due par un enfant à son père, ne détruit point la liberté qu’il a toujours de se joindre à la société politique qu’il juge à propos. Mais, quoi qu’il en soit, il est évident que ceux, dont il vient d’être fait mention, étoient actuellement libres, et quelque supériorité que certains politiques veuillent aujourd’hui placer dans quelques-uns d’entr’eux, il est constant qu’ils ne la