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Du Gouvernement Civil,

ils sont obligés de s’y soumettre, et n’ont pas la liberté de jeter les fondemens d’un nouveau.

VII. Quant à la première, je réponds qu’il ne faut nullement s’étonner, si l’histoire ne nous dit que peu de choses touchant les hommes qui ont vécu ensemble dans l’état de nature. Les inconvéniens d’une telle condition, le desir et le besoin de la société, ont obligé ceux qui se trouvoient ensemble, en un certain nombre, à s’unir incessamment et à composer un corps, s’ils souhaitoient que la société durât. Que si nous ne pouvons pas supposer que des hommes aient jamais été dans l’état de nature, parce que nous n’apprenons presque rien sur ce point, nous pouvons aussi douter que les gens qui composoient les armées de Salmanassar ou de Xerxès, aient jamais été enfans, à cause que l’histoire ne le marque point et qu’il n’y est fait mention d’eux que comme d’hommes faits, que comme d’hommes qui portoient les armes. Le gouvernement précède toujours sans doute les registres, et rarement les belles-lettres sont cultivées parmi un peuple, avant qu’une longue continuation de la société civile ait, par d’autres arts plus nécessaires, pourvu à sa sû-