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par M. Locke.

seule demande de cette nature mérite la mort. Les Monarques absolus, et les défenseurs du pouvoir arbitraire, avouent bien qu’entre sujets et sujets, il faut qu’il y ait de certaines règles, des loix et des Juges pour leur paix et leur sûreté mutuelle ; mais ils soutiennent qu’un homme qui a le gouvernement entre ses mains, doit être absolu et au-dessus de toutes les circonstances et des raisonnemens d’autrui ; qu’il a le pouvoir de faire le tort et les injustices qu’il lui plaît, et que ce qu’on appelle communément tort et injustice, devient juste, lorsqu’il le pratique. Demander alors comment on peut être à l’abri du dommage, des injures, des injustices qui peuvent être faites à quelqu’un par celui qui est le plus fort ; ah ! ce n’est pas moins d’abord, que la voix de la faction et de la rebellion. Comme si lorsque les hommes quittant l’état de nature, pour entrer en société, convenoient que tous, hors un seul, seroient soumis exactement et rigoureusement aux loix ; et que ce seul privilégié retiendroit toujours toute la liberté de l’état de nature, augmentée et accrue par le pouvoir, et devenue licencieuse par l’impunité. Ce seroit assurément s’imaginer que les hommes sont assez fous pour