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Du Gouvernement Civil,

qui l’accompagnent, avec cette seule et malheureuse différence qu’on y est sujet, ou plutôt esclave d’un Prince absolu : au lieu que dans l’état ordinaire de nature, chacun a la liberté de juger de son propre droit, de le maintenir et de le défendre autant qu’il peut. Mais toutes les fois que les biens propres d’un homme seront envahis par la volonté ou l’ordre de son Monarque, non-seulement il n’a personne à qui il puisse appeler, et ne peut avoir recours à une autorité publique, comme doivent avoir la liberté de faire ceux qui sont dans une société ; mais comme s’il étoit dégradé de l’état commun de créature raisonnable, il n’a pas la liberté et la permission de juger de son droit et de le soutenir : et par-là, il est exposé à toutes les misères et à tous les inconvéniens, qu’on a sujet de craindre et d’attendre d’un homme, qui étant dans un état de nature, où il se croit tout permis, et où rien ne peut s’opposer à lui, est de plus corrompu par la flatterie, et armé d’un grand pouvoir.

    à quelques-uns qu’on choisiroit ; personne n’étant en droit, sans le consentement dont nous parlons, de s’ériger en seigneur et en juge d’aucun autre. Hooker, Eccl. Pol., lib. 1, §. 10 ».