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par M. Locke.

XIV. Il paroît évidemment, par tout ce qu’on vient de lire, que la monarchie absolue, qui semble être considérée par quelques-uns comme le seul gouvernement qui doive avoir lieu dans le monde, est, à vrai dire, incompatible avec la société civile, et ne peut nullement être réputée une forme de gouvernement civil. Car la fin de la société civile étant de remédier aux inconvéniens qui se trouvent dans l’état de nature, et qui naissent de la liberté où chacun est, d’être juge dans sa propre cause ; et dans cette vue, d’établir une certaine autorité publique et approuvée, à laquelle chaque membre de la société puisse appeler et avoir recours, pour des injures reçues, ou pour des disputes et des procès qui peuvent s’élever, et être obligés d’obéir ; par-tout où il y a des gens qui ne peuvent point appeler et avoir recours à une autorité de cette sorte, et faire terminer par elle leurs différends[1],

  1. « Le pouvoir public de toute société s’étend sur chaque personne qui est contenue dans une société : et le principal usage de ce pouvoir, est de faire des loix pour tous ceux qui y sont soumis, auxquelles, en tel cas, ils doivent obéir ; à moins qu’il ne se présente quelque raison qui force néces-