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par M. Locke.

nombre, avec un petit état ; il est certain pourtant qu’elle en est fort différente, soit dans sa constitution, soit dans son pouvoir, soit dans sa fin : ou si elle peut être regardée comme une Monarchie, et que le père de famille y soit un Monarque absolu, la Monarchie absolue a un pouvoir bien resserré et bien petit : puisqu’il est manifeste, par tout ce qui a été dit auparavant, que le maître d’une famille a sur ces diverses personnes qui la composent, des pouvoirs distincts, des pouvoirs limités différemment, soit à l’égard du tems, soit à l’égard de l’étendue. Car, si l’on excepte les esclaves, lesquels après tout ne contribuent en rien à l’essentiel d’une famille, le maître, dont nous parlons, n’a point un pouvoir législatif sur la vie ou sur la mort d’aucun de ceux qui composent sa famille ; et la maîtresse en a autant que lui. Et certainement, un père de famille ne sauroit avoir un pouvoir absolu sur toute sa famille, vu qu’il n’a qu’un pouvoir limité sur chacun de ceux qui en sont membres. Nous verrons mieux comment une famille, ou quelqu’autre semblable société d’hommes diffère de ce qui s’appelle proprement société politique, en