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par M. Locke.

et le gouverneur de ses enfans, dans leurs premières années, et aussi après qu’ils étoient parvenus à l’âge de discrétion. En effet, il leur auroit été assez difficile de vivre ensemble, sans quelque espèce de gouvernement ; et il y a apparence que le gouvernement du père fut établi par un consentement exprès ou tacite des enfans, et qu’il continua ensuite sans interruption, par le même consentement. Et certes, il ne pouvoit y avoir alors rien de plus expédient qu’un gouvernement par lequel un père exerçât seul dans sa famille le pouvoir exécutif des loix de la nature, que chaque homme libre a naturellement, et que par la permission qui lui en avoit été donnée, il eût un pouvoir monarchique. Mais cela, comme on voit, n’étoit point fondé sur aucun droit paternel, mais simplement sur le consentement des enfans. Pour en être tout-à-fait convaincus supposons qu’un étranger, par hasard, ou pour affaires, soit venu alors chez un père de famille, et y ait tué un de ses enfans, ou ait com-

    en elle-même, que des hommes pussent vivre sans aucun gouvernement public. Hooker, Eccl. lib. 1, §. 10 ».