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Du Gouvernement Civil,

a reçu des témoignages particuliers de ses parens, à l’exclusion de l’autre, le premier n’ait aussi plus de devoirs à remplir envers eux, et ne soit obligé à une plus grande reconnoissance.

XX. Ceci fait voir la raison pour laquelle les pères et les mères, dans les sociétés et les états, dont ils sont sujets, retiennent leurs pouvoirs sur leurs enfans, et ont autant de droit à leur obéissance, que ceux qui se trouvent dans l’état de nature : ce qui ne pourroit pas arriver si tout le pouvoir politique étoit purement paternel, si le pouvoir politique et le pouvoir paternel n’étoient qu’une seule et même chose. Car, alors tout le pouvoir paternel résidant dans le Prince, les sujets n’y pourroient naturellement avoir nulle part. C’est pourquoi, il faut reconnoître que ces deux pouvoirs, le politique, et le paternel, sont véritablement distincts et séparés, sont fondés sur différentes bases, et ont des fins différentes ; que chaque sujet, qui est père, a autant de pouvoir paternel sur ses enfans, que le Prince en a sur les siens ; et qu’un Prince qui a un père ou une mère, leur doit autant de respect et d’obéissance, que le moindre de ses sujets en doit aux siens.