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Du Gouvernement Civil,

est bien éloigné d’un droit qu’auroient les pères de commander, d’une manière absolue à leurs enfans ; cela est bien éloigné d’une autorité par laquelle les pères puissent faire des loix perpétuelles par rapport à leurs enfans, et disposer, comme il leur plaira, de leur vie et de leur liberté. Autre chose est honorer, respecter, secourir, témoigner de la reconnoissance ; autre chose, être obligé à une obéissance et à une soumission absolue. Quant à l’honneur dû aux parens, un Monarque même, et le plus grand Monarque, est obligé d’honorer sa mère : mais cela ne diminue rien de son autorité, et ne l’oblige point à se soumettre au gouvernement de celle de qui il a reçu la vie.

XVI. La sujétion d’un mineur établit dans le père un gouvernement d’un certain tems, qui finit avec la minorité du fils : et l’honneur auquel un enfant est obligé, établit dans son père et dans sa mère un droit perpétuel d’exiger du respect, de la vénération, du secours, et de la consolation, plus ou moins, selon qu’ils ont eu plus ou moins de soin de son éducation, lui ont donné plus ou moins de marque de tendresse, et ont plus ou moins dépensé pour lui. Et ce droit ne finit point avec la mino-