Page:Locke - Du gouvernement civil, 1795.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
113
par M. Locke.

conduite et le gouvernement de leurs parens[1]. Or, tout ce droit et tout ce pouvoir des pères et des mères, ne semble être fondé que sur cette obligation, que Dieu et la nature ont imposée aux hommes, aussi bien qu’aux autres créatures, de conserver ceux à qui ils ont donné la naissance, et de les conserver jusqu’à ce qu’ils soient capables de se conduire eux-mêmes ; et tout ce droit, tout ce pouvoir ne sauroit que difficilement produire un exemple, ou une preuve de l’autorité royale des parens.

X. Ainsi, nous naissons libres, aussi bien que raisonnables, quoique nous n’exercions pas d’abord actuellement notre raison et notre liberté. L’âge qui amène l’une, amène aussi l’autre. Et par-là nous voyons comment la liberté naturelle, et la sujétion aux parens peuvent subsister ensemble, et sont fondées l’une et l’autre sur le même principe. Un enfant est libre, sous la protection et par l’intelligence de son père, qui le doit conduire jusqu’à ce qu’il puisse régler ses propres actions. La liberté d’un homme, à l’âge de discrétion, et la sujétion où est un enfant, pendant un certain tems,

  1. Voyez Hooker, Eccl. Pol., lib. 1, §. 7.