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Du Gouvernement Civil,

pendant qu’il est dans un état, dans lequel il n’a pas assez d’intelligence pour diriger sa volonté il ne faut pas qu’il suive sa volonté propre, celui qui a de l’intelligence pour lui, doit vouloir pour lui, doit régler sa conduite. Mais lorsqu’il est parvenu à cet état qui a rendu son père un homme libre, le fils devient homme libre aussi.

VIII. Cela a lieu dans toutes les loix sous lesquelles on vit, et dans les loix naturelles, et, dans les loix civiles. Quelqu’un se trouve-t-il sous les loix de la nature : qu’est-ce qui peut établir sa liberté sous ces loix ? Qu’est-ce qui peut lui donner la liberté de disposer, comme il lui plaît, de son bien, en demeurant dans les bornes de ces loix ? Je réponds que c’est l’état dans lequel il peut être supposé capable de connoître ces loix-là, et de se contenir dans les bornes qu’elles prescrivent. Lorsqu’il est parvenu à cet état, il faut présumer qu’il connoît ce que les loix exigent de lui, et jusqu’où s’étend la liberté qu’elles lui donnent. Donc, tout homme qui sait l’étendue de la liberté que les loix lui donnent, est en droit de se conduire lui-même. Que si un tel état de raison, si tel état de discrétion a pu rendre quelqu’un libre, le même état rend