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par M. Locke.

parens, le pouvoir des pères et des mères, on auroit senti infailliblement l’absurdité qu’il y a à soutenir un pouvoir de cette nature ; et l’on auroit reconnu que le pouvoir sur les enfans appartient aussi bien à la mère qu’au père. Les partisans et les défenseurs outrés du monarchisme auroient été convaincus que cette autorité fondamentale, d’où ils font descendre leur Gouvernement favori, la monarchie, ne devoit point être mise et renfermée en une seule personne, mais en deux conjointement. Mais en voilà assez pour le nom et le titre de ce dont nous ayons à traiter.

III. Quoique j’aie posé dans le premier Chapitre, que naturellement tous les hommes sont égaux, il ne faut pas pourtant entendre qu’ils soient égaux à tous égards ; car l’âge ou la vertu peut donner à quelques-uns de la supériorité et de la préséance. Des qualités excellentes et un mérite singulier peuvent élever certaines personnes sur les autres, et les tirer du rang ordinaire. La naissance, l’alliance, d’autres bienfaits, et d’autres engagemens de cette nature, obligent aussi à respecter, à révérer, d’une façon particulière certaines personnes. Cependant, tour cela s’accorde fort bien avec cette égalité