Page:Lizeray - Leabar gabala, Livre des invasions de l’Irlande, 1884.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.
xviii

chronologie aussi rigoureusement avant Ciombaot qu’après. Or, quand il s’agit d’époques aussi éloignées, il importe peu qu’un fait ait eu lieu quelques années plus tôt ou plus tard, pourvu que la relation du fait soit exacte.

On a encore signalé comme un motif de suspicion quant au fonds, la différence des dates adoptées par les auteurs irlandais. Les uns, en effet, se sont conformés à la chronologie hébraïque, et les autres ont suivi celle des Septante, qui donne 1466 ans de plus au monde. Pour combler cette lacune, les partisans du second système ont imaginé de très longues périodes intercalaires pendant lesquelles l’Irlande restait déserte. Nous faisons bon marché des époques pieusement ajoutées pour l’accord avec les Septante, et nous admettons seulement comme authentiques les périodes remplies par les faits, au sujet desquels on retrouve l’unanimité des historiens. De cette manière, le nombre et la durée des règnes à peu de chose près les mêmes dans tous les auteurs, remplissent de longs siècles qui échappent à la contestation des critiques.

Les erreurs géographiques n’entachent pas non plus la sincérité des narrateurs. Elles indiquent seulement l’état précaire des connaissances au moyen âge et à l’époque lointaine des premières rédactions.

Plusieurs questions sont soulevées par la lecture du Leabar Gabala. Voici la première. Les populations roumaines et valaques, placées sur le territoire de l’ancienne Thrace, parlent un dialecte absolument celtique. Doit-on en conclure qu’elles soient d’origine romaine, suivant une opinion qui nous paraît absurde, ou sont-elles, au contraire, issues de l’ancienne station celtique mentionnée par le Leabar Gabala ? L’étude comparée des idiotismes résoudra le problème.

Seconde question. L’analogie des racines existe pour le latin et l’irlandais, sans qu’il y ait dérivation entre eux. La pareille analogie remarquée entre le latin et le français ne démontre donc pas la filiation, comme on l’a cru, mais seulement la parenté de ces deux dernières langues.

Le Leabar Gabala, qui ne le cède en intérêt qu’à l’histoire d’Hérodote, n’est pas contredit par les récits consignés dans ce vénéra-