Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/92

Cette page n’a pas encore été corrigée



Cy parle comment toutes femmes doivent être courtoises
Chappitre Xe


Après, mes belle filles, gardez que vous soiez courtoises et humbles, car il n’est nulle plus belle vertu, ne qui tant attraite à avoir la grace de Dieu et l’amour de toutes gens, que estre humbles et courtoises ; car courtoisie vaint les felons orguilleux cuers, et à l’exemple de l’espervier sauvage, par courtoisie vous le ferez franc, si que de l’arbre il vendra sur vostre poing, et se vous lui estiez en riens rudes ne cruelz, jamais ne vendroit. Et donc, puisque courtoisie vaint oisel sauvaige, qui n’a nulle rayson en soy, doit courtoisie mater et refraindre tout cuer de homme et de femme, jà tant n’aient le cuer orgueilleux, fier ne felon ; courtoisie est le premier chemin et l’entrée de toute amistié et amour mondaine, et qui vaint les haulz couraiges et adoulcist l’ire et tout le couroux de toute amistié, et pour tant est belle chose d’estre courtoise.

Je congnois un grant seigneur en ce païs qui a plus conquis chevaliers et escuiers et autres gens à le servir ou faire son plaisir par sa grant courtoisie, au temps qu’il se povoit armer, que autres ne faisoient pour argent ne pour autres choses. C’est messire Pierre de Craon, qui bien fait à louer de honneur et courtoisies sur tous les autres chevaliers que je congnoys. Après je