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et de vous y accoustumer ; car tout ne chiet que par accoutumance de dire ses heures, d’oir la messe et le service de Dieu, de jeuner et de faire saintes œuvres comme firent les saintes femmes, selon qu’il est contenu ès légendes et ès vies des sains et des saintes de paradis.




Cy parle d’une femme qui chéy en un puis
Chappitre VIIIe


Dont je vouldroye que vous eussiez ouy et retenu l’exemple de la fole femme qui jeunoit le vendredy et le samedy. Si vous compteray d’une folle femme qui estoit de la ville de Romme, qui tousjours jeunoit le vendredy en l’onneur de la passion du doulx Jhesucrist, et le samedi en l’onneur de la virginité Nostre-Dame, et aussy ces ii jours elle se tenoit nettement. Si advint que par une nuit elle ala à son amy en folye, si estoit la nuit obscure, et va arriver en un puis de vint toises de parfont, ou quel elle va cheoir, et ainsi comme elle cheoit, elle s’escria : Notre-Dame ! Si chéy sur l’yaue et se trouva à dur comme sur une place, et luy vint une voix lui dit : « Pour ce que tu jeunes le vendredy et le samedy en l’onneur de la vierge Marie et de son filz, et que tu gardes ta char nettement, tu es sauvée de ce peril. » Sy vindrent lendemain les gens pour puisier de l’eaue, et trouvèrent celle femme en ce puis, duquel elle fust tantost traite et mise