Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/205

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en une aultre, et, quant vint après disner, les barons distrent au roy qu’il lui pleust qu’ilz veyssent la royne, qui merveilleusement estoit belle ; le roy la manda une foiz, ij. foiz, iij. foiz, et oncques n’y daigna venir. Sy eust le roy moult grant honte, et demanda conseil à ses barons que il feroit, et le conseil fust que il la chaçast vij. ans hors de avecques luy, pour donner ès autres exemple de mieulx obeir à leurs seigneurs. Et ainsi le fist le roy, et en fit une loy que dès là en avant toute femme qui escondiroit son seigneur de riens qu’il lui conmandast et que ce feust chose raysonnable, qu’elle seroit vij. ans en mue à petit de viande pour lui monstrer sa deffaulte, et encore tiennent-ilz celle coustume en cellay royaulme. Sy eust honte la royne qui se vit bouter en mue, et ploura et se doulousa ; mais il n’estoit pas temps ; car par son orgueil elle fust mise en mue vij. ans. Sy devez ycy prendre bon exemple ; car, par especial devant les gens, vous devez faire le conmandement de vostre seigneur et luy obeir et porter honnour et luy monstrer semblant d’onneur, se vous voulez avoir l’amour du monde. Mais je ne dy mie que, quant vous serez priveement seul à seul, vous vous povez bien eslargir de dire ou faire plus vostre volenté, selon ce que vous saurez sa manière. Je vous diray l’exem[ple] du lyon et de sa propriété ; quant la lyonnesce lui a aucun despit fait, il ne retournera plus à elle de tout le jour ne la nuit, pour chose qu’il aviengne. Sy lui monstre ainsi sa seignourie, et est bon exemple à toute bonne femme, quant une beste sauvaige, qui nulle rayson ne scet fors que nature qui lui esmeut,