Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/123

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aviez juré à chascune de nous que vous l’amiés sur toutes autres. Ce n’est pas voir, ains est menseonge ; car vous n’estes pas trois en vault, et ne povez avoir trois cuers pour en amer trois, et pour ce estes faulx et decevable, et ne devez pas estre mis ou compte des bons ne des loyaulx chevaliers. — Or, mes dames, avez-vous tout dit ? vous avez grant tort, et vous diray pourquoy ; car à l’eure que je le dis à chacune de vous, je y avoye ma plaisance et le pensoie ainsy, et pour ce avez tort de moy enir pour jengleur ; maiz à souffrir me convient de vous, car vous avez vos parlers sus moy. » Et quant elles virent qu’il ne s’esbahissoit point, si va dire l’une : « Je vous diray que nous ferons. Nous en jouerons au court festu à laquelle il demourra. — Vrayement, dist l’autre, d’endroit moy je n’y pense point à jouer, car j’en quitte ma part. — Vrayement, fist l’autre. sy fais-je moy. — Lors respondit : Mes dames, par le sabre Dieu, je ne suis point ainsi à departir ne à laissier ; car il n’y a cy à qui je demeure. » Si se leva et s’en ala, et elles demourèrent plus esbahies que luy, et pour ce est grant chose de prandre estrif à gens qui scevent du siècle ne qui ont si leur manière et leur maintieng. Et pour ce a cy bon exemple comment l’on ne doit pint entreprendre parolle ne estriver avecques celles gens ; car il y a bien manière. Car celles qui aucunesfois cuident plus savoir en sont par fois les plus deceues, dont je vouldroye que vous sceussiez l’exemple semblable à ceste cy sur cette matière.