Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/117

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feray plus cointe et aussy nouvellement arrayée de nobles cointises comme vous ne nulles des autres ; car vous et elles n’avez que la moitié de vos corsès et de vos chapperons rebuffez de vair et d’ermines ; et je feray encores mieulx, car je lui feray ses corsès et ses chapperons vestir en l’envers, le poil dehors. Ainsi sera mieulx pourfillée et rebuffée que vous ne les autres. » Après luy dit : « Ma dame, pensés-vous que je ne vueille qu’elle soit bien arrayée selon les bonnes dames du païx ? mais je ne veul pas qu’elle mue l’estat des preudes femmes et des bonnes dames de honneur de France et de ce païs qui n’ont pas prins l’estat des amies et des meschines aux Angloys et aux gens des compaignes ; car ce furent celles qui premièrement admenèrent cest estat en Bretaigne des grans pourfilz et des corsès fendus ès costez et lès floutans ; car je suy du temps et le vy. Sy que, à prendre l’estat de telles femmes le premier, je tiens à petitement conseillies celles qui le prennent, combien que la princesse et autres dames d’Angleterre sont après long temps venus qui bien le pevent avoir. Mais j’ay tousjours oy dire aux saiges que toutes bonnes dames doivent tenir l’estat de bonnes dames du royaulme dont elles sont, et que les plus saiges sont celles qui derrenièrement prennent telles nouveaultez. Et aussy par renommée l’on tient les dames de France et de cestes basses marches les meilleures dames qui soient et les moins blasmées. Mais en Angleterre en a moult de blasmées, si comme l’on dist ; si ne sçay se s’est à tort ou à droit. Et pour ce est-il mieulx de tenir le fait aux dames